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26 mai 2006

Medeline: La "Nouvelle Concurrence" arrive...

Ils font beaucoup parler d'eux depuis quelques temps sur la scène du rap français, les nouveaux prodiges de la production Puzo et Hannibal apparaissant sur les dernières grosses sorties...seulement, Medeline n'est pas qu'un binome de créateurs de supports instrumentaux pour les rappeurs...eux même écrivent, rapent, et n'ont rien à envier à ce qui se fait actuellement...l'actualité étant brulante pour eux avec des sorties prévues, une interview d'un des deux membres (Hannibal) s'imposait. Une interview qui vaut le coup d'oeil et une musique qui mérite d'être écoutée...Faisons connaissance avec la "Nouvelle Concurrence"...

medeline- Hannibal, déjà il serait intéressant de savoir quand tu as commencé à raper et à faire des instrus.

Je me suis mis à écrire des textes et à raper vers 1996, j'étais tout seul à l'époque et la création du groupe Requiem Cartel avec mes potes a fait qu'en 1998 on s'y est tous mis sérieusement. En ce qui concerne les instrus j'ai commencé à bien travailler ça en 1998

- Avec quoi travailliez-vous à l'époque?

Puzo et moi on travaillait avec un PC et pour logiciel principal Sound Forge, plus des synthés virtuels et d'autres accessoires...ça n'a pas trop changé depuis, sachant qu'on arrive à faire à peu près ce qu'on veut avec ce qu'on a.

-D'où te vient cette passion?

A l'origine, je suis un passionné de musique en général, j'en écoute depuis tout petit, mais c'est vrai que chez nous, comme dans pas mal de quartiers populaires en France, c'est surtout le rap qui nous fait vibrer, avec des émissions comme MTV Yo Rap, sur le rap américain, qu'on regardait un peu tous à l'époque. Cette culture m'a fait kifer, et donc le rap américain m'a fait venir tout naturellement au rap.

- Qu'avez-vous fait concrètement jusqu'à maintenant, que ce soit au niveau du rap, des sons, des concerts etc.?

Comme je te l'ai dit tout à l'heure, j'étais tout seul au début à raper. Ensuite c'est la rencontre avec Pizz et Niz (on était dans la même classe au lycée) qui a servi de déclic. Puzo nous a rejoint avec Riesgo, et c'est là que le groupe est né, sachant qu'on était avant tout des potes, que le courant passait bien, et qu'on avait tous en commun une passion pour cette musique. En résumé l'aventure est partie de ces rencontres. Ensuite on a eu le parcours classique d'un groupe de rap, en travaillant de notre côté, puis en faisant des mix tape, des scènes, des radios, des concerts, et surtout un maxi autoproduit de Requiem Cartel qui s'appelle Zone Rouge (2000). Ensuite il y a eu une séparation entre ceux ui privilégiaient les études et ceux qui voulaient se consacrer à 100% au rap. C'est de là qu'est né le groupe Médeline comprenant Puzo et moi-même, et ayant pour manager Pizz qui nous a suivi dans cette aventure.

En ce qui concerne les sons, le déclic a eu lieu lors de notre rencontre avec Sat (rapeur de la Fonky family). A l'époque on faisait des instrus pour nous même et notre entourage, on n'avait pas plus d'ambition que ça à ce niveau là. Notre pote Antar du groupe Relic nous met en relation avec Sat en nous disant qu'il recherche des productions pour son album. Dès lors, on lui envoie 3 cd de sons, il nous rappelle en nous disant qu'il a kifé les instrus, et à partir de là, on se met à produire plus de la moitié de son album ("Dans mon monde" sorti en 2002). C'est ce qui nous a permi de prendre confiance en nous, d'avoir une carte de visite et donc de pouvoir aller démarcher les autres artistes. Grâce à Loss, un ancien qui connait pas mal de monde dans le rap, et grâce à ce qu'on a fait sur l'album de sat, on a pu faire connaissance avec pas mal d'acteurs du milieu qui nous sollicitent depuis pour produire des sons pour leur support, ce qui explique nos nombreuses apparitions au niveau des instrus.

Enfin, on a également pu se tester sur la compilation Illicite Projet (sortie en 2005) sortie par notre label, réunissant pas mal d'artistes reconnus du rap français, où nous avons fait toutes les instrus. Cela nous a servi d'expérience de travailler sur tout un album avec plusieurs artistes différents.

-Justement tu fais allusion à Illicite Projet, est-ce que tu peux nous parler de la structure au sein de laquelle vous évoluez Puzo et toi?

Medeline évolue au sein d'un label qui est Odessa Music, regroupant avant tout des personnes qui se connaissent depuis longtemps, venant du même coin (Paris 19ème) et ayant la même passion pour la musique. Ce label comprend Loss, Pizz (notre manager) et Gueye Cissoko du groupe Rédemption. Nous connaissant tous depuis un certain temps, on en est venu naturellement à travailler ensemble.

-Pourquoi avez-vous choisi d'évoluer en indépendant et non au sein d'une maison de disque?

Depuis le début de notre carrière on évolue en indé sans avoir sollicité de maisons de disques, et donc c'est vrai qu'on s'est habitué à cette manière de procéder, on a donc pas de raison de changer. On a pu voir les deux côtés (indé et major). On a plus de liberté en indépendant et financièrement on prends tout sans passer par des pourcentages a donner à telle ou telle structure, ce qui n'est pas négligeable. Cependant, outre la liberté artistique qui est amoindrie en maison de disque, d'autres problèmes se posent comme le temps de réaction. En effet, un morceau mettra plus de temps à sortir en maison de disque qu'en indépendant. Pour ce qui est de la sortie d'un album ou d'un maxi c'est pareil, tout est plus long, donc ça pose le problème de la "fraicheur" des créations. Cependant tout n'est pas facile en indépendant, c'est une grosse somme de travail, on fait tout, et c'est également une prise de risque financière, on investit nos propres deniers, et avant de voir un retour sur investissement (si retour il y a ) il faut attendre un certain temps. C'est clair que les jeunes qui veulent se lancer doivent prendre en compte ces paramètres, l'indépendance, c'est pas le paradis non plus.

-Passons au fond de votre travail de rapeur, quels sont les thèmes privilégiés dans vos textes?

On a pas de thèmes privilégiés en tant que tels. On essaie de parler de nos expériences personnelles, de ce qu'on voit autour de nous ou dans le monde. On se dit que si nous ou des personnes de notre entourage vivons des choses, d'autres sont dans le même cas et donc notre rap leur "parlera". On essaie donc de transmettre notre vision des choses en espérant que ça touche le plus grand nombre de personnes. On ne parle donc pas que de la rue, on aborde également la musique, le rap et son athmosphère en France, la situation du monde dans lequel on vit, la famille, comment les gens évoluent autour de nous. En gros c'est une synthèse de ce qu'on voit et vit dans le monde normal et de ce qu'on voit et vit dans le monde du rap.

-Et qu'est-ce qui va te toucher justement dans la vie de tous les jours?

Ce qui me touche, ou plutôt me révolte, c'est qu'on (tout le monde en général et je me mets dedans) s'habitue à tout. Par exemple un clochard dans la rue, on ne le remarque même plus, il fait partie du décors. On est habitué à tous les mauvais aspect du monde dans lequel on vit, aux morts, au climat de peur qui règne et qui est entretenu par les médias. On s'habitue à tout ça et on en devient cynique. Ce qui me révolte en fait c'est que ce qui devrait nous choquer ne nous choque même plus, on est dans une société d'endormis conditionnée par les médias.

Ce qui me révolte également c'est la manière dont les personnes nées de parents immigrés ou vivant dans les quartiers populaires sont représentées dans les médias. On ne voit pas ces personnes là sauf d'une manière très négatives dans le droit de savoir par exemple. On dénigre une certaine partie de la population, sans que celle-ci ne puisse exprimer son point de vue et donc se défendre. On ne voit pas (ou très peu) d'acteurs, de personnes engagées politiquement ou dans le monde associatif à la télé qui sont rebeu ou renois. Par exemple c'est bien beau de parler des relations entre la France et l'Algérie ou entre la France et les pays d'Afrique noire, mais ça sert à rien si ce n'est que d'un point de vue français.

Enfin c'est révoltant de voir comment les enfants d'immigrés sont traités par les médias, à croire qu'il n'ya que des casseurs, incendiaires ou voleurs, alors que beaucoup sont diplômés, engagés et font avancer le pays. Il est scandaleux de parler d'intégrations pour des personnes nées en France et donc françaises..La manière dont les médias parlent de tout ça fait que le français moyen va avoir une mauvaise image. C'est donc un conditionnement de la population par la peur, qui se traduit lors des différentes elections, à croire que les français n'ont pas retenu la leçon du 21 avril 2002.

-Après ce qui te révolte, tu peux nous parler de ce qui te fait kifer, de tes passions?

Outre le rap, je suis passionné de musique "avec un grand M". J'en écoute tout le temps, de tout, c'est presque vital pour moi. Je suis également très cinéphile, gros consommateur de films, de séries américaines. Je regarde pas mal de documentaires à la télé, je lis beaucoup et surtout beaucoup de choses différentes, j'aime bien passer des soirées avec mes potes, j'aime beaucoup le sport...J'ai les loisirs d'un mec normal de 26 ans, je ne suis pas un déprimé qui fait que de se plaindre, je m'amuse et je profite de la vie, contrairement aux clichés véhiculés sur les rapeurs.

- Quels sont vos projets à courts et long terme?

A court terme, le street album de Médeline, "Nouvelle Concurrence" prévu pour fin 2006, ensuite la compilation Illicite Projet2 et l'album de Médeline "Roi sans couronne" prévus courant 2007. Pour ce qui est du long terme, l'objectif est de confirmer et de durer dans la musique, ce qui est le plus dur.

Merci à toi Hannibal pour cette interview. Vous avez les liens ci-dessous si vous voulez plus d'infos sur Médeline

http://www.myspace.com/medeline19 ou http://medeline.skyblog.com/

http://www.odessa-music.com 

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Commentaires
S
Un grand bravo à ce groupe de passionnés que je connais de puis peu et qui m'ont fait découvrir, par leur approche très puriste de la musique en général (et non commercial), de nouveaux horizons musicaux (sachant que j'écoute à la base plus de rap US que de rap français - honte à moi lol).<br /> <br /> C'est par ailleurs des êtres humains qui respirent la bonne humeur, avec un réel esprit artistique et qui ont su aller au-delà de tous les clivages et préjugés dont souffre le monde du rap en général.<br /> Leur succès prochain, qui pour moi est certain, ne sera du qu'à un gros investissement personnel de leur part car ce sont de gros bosseurs.<br /> On attend ainsi leur prochaine album avec impatience!<br /> <br /> Concernant l'interview plusparticulièrement, un grand respect pour Hannibal qui prouve une fois de plus par son discours éclairé que l'on peut faire de la musique (et notamment du rap) tout en faisant preuve d'un niveau d'instruction, de culture générale ,ainsi que de connaissance et d'analyse du monde qui nous entoure admirable et irréprochable.<br /> Bon courage à vous donc Medeline pour la suite et bonne continuation! (je n'en doute pas).<br /> <br /> Louons enfin encore une fois le talent de nizou qui a mené cette interview d'une main de maître, et qui aurait pu, de part son talent, faire également partie de l'aventure Medeline (il reste présent au sein du Requiem Cartel ne l'oublions pas).Sa passion pour l'histoire, la géopolitique et le journalisme aura finalement eu raison de lui.<br /> Eh oui la vie est faite souvent de choix et de sacrifices, le tout c'est de les assumer...<br /> <br /> (pas de prob pour niz rassurez-vous).
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