Esclavage: fêtons le 10 mai.....
Esclavage : fêtons le 10 mai….
Depuis le 10 mai 2001 et le vote de la « loi Taubira » , l’esclavage et la traite transatlantique sont reconnues en France comme « crimes contre l’humanité ».
Un grand pas a été donc fait à ce moment là, pour reconnaître les abus dont s’est rendu coupable le pays des droits de l’homme envers les « nègres », que ce soit pendant l’absolutisme, la période révolutionnaire censée changer le pays, ou pendant le règne napoléonien (l’empereur est celui qui rétablit l’esclavage dans les colonies).
Cette date du 10 mai est imposée par Jacques Chirac comme un jour de commémoration en métropole de l’esclavage, en hommage aux victimes de l’époque, et pour se souvenir des crimes commis pendant des siècles par le pays des droits de l'homme. S’il n’y a certes pas grand-chose à discuter du principe même de commémoration, ou sur la date de celle-ci (en rapport avec la date du vote de la loi Taubira), on peut se demander ce qui a amené le chef de l’état à prendre cette décision, et surtout ce que ça va changer concrètement au quotidien des minorités en général et des noirs en particulier.
En effet, par un petit retour en arrière dans l’actualité avec la « crise des banlieues » de novembre dernier et sur la polémique concernant la loi du 23 février 2004 et son article 4 parlant du « rôle positif » de l’état français lors de la colonisation, nous pouvons constater que la démarche du président de la république n’est pas innocente et dénuée d’intérêt. L’impression donnée est que par cette commémoration, le gouvernement espère tirer un trait non seulement sur les conséquences de l’esclavage avec les centaines de milliers de victimes de l’époque, mais il espère également calmer les minorités exprimant le mécontentement sur leur condition.
On peut se demander s’il est pertinent de vouloir régler les différents problèmes d’accès à l’emploi ou au logement des générations actuelles, originaires des DOM TOM, du Maghreb ou d’Afrique noire, par l’instauration d’une date commémorative. Ce pays n’en est pas à son coup d’essai, sachant qu’en 2000 on comptait régler le problème de la guerre d’Algérie par l’organisation d’un match de football au SDF opposant l’ancien colonisé à l’ancien colon.
Ce n’est pas seulement avec des actions commémoratives (si symboliques et importantes soient-elles), ni avec des actions culturelles en tout genre (comme l’ouverture prochaine du musée sur l’histoire de l’immigration) que les pouvoirs publics vont régler les problèmes touchant les habitants et les minorités de ce pays, comme le chômage ou la précarité.
Ces différentes manifestations prendront tout leur sens, à condition que des mesures très fortes et concrètes concernant l’emploi ou le logement soient prises pour régler les problèmes touchant notre pays. Notre pays se doit d’assumer son histoire faite d’avancées et d’innovations, mais comprenant également une face sombre (l’esclavage, la colonisation...) à affronter. Ceci ne se fait pas seulement par la promulgation de lois mais par des ACTIONS. Il est quand même inquiétant qu’en 2006 des personnalités talentueuses issues de l’immigration ne soient pas représentées dans les hautes instances des partis politiques (on ne parle pas de postes symboliques mais de postes décisionnaires), ou à l’Assemblée Nationale (mis à part les représentant des DOM TOM ce qui est logique). Il est également inquiétant qu’on ait encore besoin d’utiliser un système de cotas (sans en prononcer le nom) pour avoir des personnes issues de l’immigration à la télévision. Enfin, il est anormal que l'immigration ne soit pas traitée dans les cours d'histoire, alors qu'elle concerne une bonne partie de la population...
D’un autre côté, le travail ne doit pas être fait seulement par le pouvoir mais également par ces minorités. En effet, utiliser un complexe de victimisation concernant la colonisation ou l’esclavage pour justifier une haine du pays, et mettre tous les problèmes vécus sur le dos de ces questions historiques, parait extrêmement dangereux. Voir une partie de la jeunesse rejeter son pays (alors qu’elle est née ici), pour des conflits qu’elle n’a pas vécue, est également dangereux. Enfin voir un chef d’état (comme le président algérien) tenter d’orienter sa population qui vit dans des conditions difficiles vers une haine de l’ancien colonisateur, pour mieux asseoir son régime asphyxiant, est tout aussi problématique.
Alors oui, le travail pour améliorer la situation doit être fait à plusieurs niveaux, mais cela prendra effectivement du temps pour faire évoluer les mentalités.
En attendant, fêtons ce 10 mai…..